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A Fresnes, la prison se transforme en galerie d’art contemporain

Etrange endroit pour une exposition : les larges et longs couloirs de la maison d’arrêt de Fresnes, quartier des hommes. La prison a été construite à la fin du XIXe siècle selon un plan d’une terrible simplicité. Une allée centrale fait office d’axe. Trois allées perpendiculaires la coupent successivement, chacune desservant un bâtiment - on dit une division. Il y en a donc trois, qui élèvent quatre étages de coursives où s’alignent les cellules. A chaque croisement, il y a des grilles et des postes de garde, mais ce qui se voit d’abord ce sont les filets, un par niveau, dans chaque division. Ils ont été tendus entre les coursives pour éviter que des détenus tombent ou sautent.

Durant l’été 2011, six grands cadres ont été placés aux murs en des lieux de passage. Bords de bois, Plexiglas, systèmes de fixation, néon à l’intérieur du caisson : ils assurent la conservation des oeuvres tout en étant conformes aux exigences de sécurité de la prison. Les emplacements sont de nature à permettre aux regards de tous, prisonniers et personnel de surveillance, de voir les oeuvres : à proximité de l’infirmerie et des parloirs destinés aux avocats ou près des croisements des allées.

L’initiative de cette "galerie d’art de Fresnes" a été prise par ACTIF (Association des visiteurs de Fresnes) et conduite par son président, l’architecte Claude-Yves Mazerand, en collaboration avec le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP). Sa direction artistique est confiée au patron de la Maison d’art contemporain Chaillioux de Fresnes, Marcel Lubac, et le financement est un mécénat de la Fondation Daniel & Martine Raze dans le cadre de la Fondation de France.

Pour sa première "exposition", jusqu’à fin février, Marcel Lubac présente Mamadou Cissé. Veilleur de nuit, Cissé dessine des villes extravagantes, le plus souvent vues à la verticale, cités idéales parées de couleurs qui auraient enchanté Matisse. Ce serait peu dire d’affirmer que le contraste est fort entre ces rêveries délivrées de toute vraisemblance et l’endroit, murs gris et jaunes. "Nous avons voulu créer dans cet univers clos un espace particulier et complètement antagoniste", écrit Claude-Yves Mazerand

A la présence incongrue des oeuvres s’ajoute une action plus personnelle. Mamadou Cissé anime, chaque semaine, un atelier avec des détenus, pour expliquer son travail. Son cas, celui d’un autodidacte qui est demeuré, jusqu’en 2009, inconnu du monde de l’art est en lui-même exemplaire. Lui succédera en avril et mai un artiste "professionnel", le peintre et sculpteur Damien Cabanes. Il se propose de passer une dizaine de jours à peindre dans la prison, là encore en introduisant des détenus à son oeuvre.

Cette "galerie d’art" est la première ainsi créée en milieu carcéral en France. L’initiative s’inscrit dans l’ensemble déjà important d’actions artistiques conduites à Fresnes, deuxième prison de France en nombre de détenus.

En 2011 ont eu lieu 36 ateliers de pratiques artistiques, 40 spectacles, 13 conférences et 4 "permissions de sortie culturelle", dont une au Louvre, lui-même engagé l’an dernier dans une action à la centrale de Poissy. Mais, à Poissy, il s’agissait de reproductions de chefs-d’oeuvre du Louvre alors qu’à Fresnes ce sont des oeuvres originales d’un artiste vivant qui seront présentées, en pariant à la fois sur l’effet de surprise et sur la présence des créateurs dans les murs.

>> http://www.lemonde.fr/culture/artic...
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