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A la prison de Mont-de-Marsan, un vent de liberté grâce au « module respect »

Dans quelques semaines, Farid, 48 ans, incarcéré au Centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan, sortira de prison mais, déjà, un vent de liberté souffle sur son quotidien grâce au « module respect », opération inédite en France qui accorde aux détenus une plus grande liberté de mouvement en échange d’un comportement respectueux.

« La liberté, c’est sûr qu’on ne l’a pas. Mais c’est beaucoup plus détendu », se réjouit Farid, condamné en novembre à huit mois de prison.

Depuis le 26 janvier, près de 200 détenus de l’établissement ont intégré volontairement ce dispositif « expérimental et inédit » en France, s’inspirant d’un modèle quasi généralisé dans les prisons espagnoles depuis une dizaine d’années, selon la Directrice interrégionale des services pénitentiaires, Sophie Bleuet.

Lancé par le ministère de la Justice en 2014 dans le cadre d’un plan national de lutte contre les violences en milieu carcéral, ce module repose sur la logique du « gagnant-gagnant » entre les détenus et l’administration pénitentiaire, a expliqué jeudi le chef de l’établissement landais, André Varignon, lors d’une présentation à la presse.

A travers la signature d’un « règlement intérieur », les volontaires s’engagent à « respecter des règles de comportement » (pas d’insultes, de bagarre, de portable, de stupéfiant, etc...) et à « participer à 25 heures d’activité par semaine », sous peine d’un « recadrage », ou au pire, d’une « exclusion ».

En contrepartie, ils bénéficient d’une plus grande liberté de mouvement : les portes de leurs cellules et les grilles de chaque aile sont ouvertes quasiment toute la journée (07h30-12h15/13h15-19h), offrant la possibilité de côtoyer d’autres détenus qu’ils voyaient auparavant beaucoup moins.

- ’Responsabilisation’ -

Le dispositif offre aussi l’opportunité de participer à davantage d’activités, jusqu’alors circonscrites à des horaires bien précis. Même principe pour les promenades quotidiennes, désormais choisies. « Ce que l’on souhaite, c’est créer du lien social, pour apaiser les relations », explique Sophie Bleuet.

Les détenus peuvent prendre aussi pour certains la tête des activités sportives (musculation, football, basket etc...) ou culturelles (bibliothèque, arts plastiques) afin d’accroître la « responsabilisation ».

La bonne conduite des participants, évaluée chaque semaine lors de comités techniques réunissant surveillants et conseillers d’insertion et de probation, donne accès à toute une série d’avantages : activités sportives le week-end, parloirs prolongés, permissions facilitées. Elle peut même amener à des réductions de peine, selon André Varignon.

S’il semble difficile, après quelques semaines d’application, de dresser un bilan fiable, le retour positif est déjà là du côté des détenus : « Si j’avais pu faire toute ma détention comme ça », soupire Frédéric, 52 ans, responsable de la bibliothèque et de la salle de musculation.

Khalid, 41 ans, loue quant à lui la contrainte imposée par le dispositif, en perspective de l’après : « Cela pousse à nous lever le matin, à ne pas rester dans le couloir ou notre cellule. On est responsabilisé, ça nous prépare à la sortie ».

Du côté de la trentaine de surveillants volontaires affectés au « module respect », le retour est aussi positif. Responsabilisés eux aussi, impliqués dans un rôle plus éducatif sans perdre leur prérogative de sécurité, ils tissent un lien de respect plus fort avec les détenus.

Ils sont même parfois présents lors des promenades, chose naguère inimaginable, ou participent pour certains à des activités sportives avec les détenus. « Cela ne peut qu’améliorer les relations », témoigne un des surveillants.

Du côté des syndicats, l’initiative est aussi bien accueillie, même si des réserves subsistent quant à sa généralisation. « Ce module, c’est très bien à Mont-de-Marsan, parce que l’établissement et la population s’y prêtent », estime Ludovic Motheron, représentant de la CGT. « Mais je ne suis pas sûr que ce serait le cas dans la région parisienne par exemple », tempère-t-il.

Prochaine étape pour ce dispositif, qui ne nécessite pas d’investissement financier très onéreux : le Centre de détention de Neuvic, en Dordogne.

AFP

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