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Chroniques de Youv

Un soir de décembre 2011. Alors que j’erre sur la toile, j’atteris un peu par
hasard sur le site www.val-fourre.com. La page d’accueil annonce « 78200
Mantes-La-Jolie CHRONIQUE DE YOUV DERRIERE LES BARREAUX Clic
Ici ».

Curieux, je clique et entame l’introduction « Salam a tous moi c’est
Oumar actuellement en celulle sa fait 8 ans dans la lune de prison francaise
pour des vol à main armé pour une question d’anonimat j’ai changé
mon prénom et le prenom de toutes les personnes qui vont intervenir
dans cette chronique .... J’ai 28 ans je suis d’origine Mauritaniéne, je
c’est que je prend enormement de risque en créant ma chronique mes je
voulais vous faire par de mon expérience en temps réel autantic pas les
fausses chroniques qui tourne genre prison break ».

Faisant fi des fautres d’orthographes, intrigué, je clique sur la Partie 1. 56 autres suivent, j’en lis
bien une trentaine dans la foulée. Enfance, premiers délits, premiers amours
également, folklore d’une cité dans les 80’s, le récit est intense et captivant.
C’est brut, drôle, haletant. Profond également. Vie rêvée et vie réelle. 2pac,
filles et soleil contre parents, école et béton gris. Scarface en 504 break.
Récit de bandit, c’est aussi un témoignage à destination des sans voix. La
transcription de la réalité du quartier par ceux qui la vivent. Avec son faste
et ses faiblesses. Une prise de pouvoir médiatique par et pour ceux qui ne
l’ont pas. Mais avec une remise en question étonnament objective. Prises de
recul, réflexions et analyses émaillent le discours. Un récit complet donc,
des HLM aux barreaux, entre anecdotes savoureuses et démontage quasi
sociologique.

Les 57 chroniques avalées, j’imagine vite, en tant que graphiste, donner un
peu de visibilité à ce récit, jusque-là perdu dans les oubliettes d’Internet.
Alors en stage dans un studio de design graphique, je profite de temps-libre
pour mettre en forme les chroniques. Chaque partie est ponctuée de citations,
tour-à-tour proverbe, « punchline », conseil ou dédicace. Le livre sera
donc de « poche » mais parsemé, grâce à des choix de grille et de jeux typographiques,
de ces coups d’éclat verbaux. Les marges, resserées, appuieront
la densité du récit et l’enfermement de « Youv ». Le graphisme soutient la
narration, la mise-en-page est réfléchie par rapport à l’écriture, la forme
prend son sens dans le fond. Voilà le rôle d’un graphiste. Entre lisibilité et
interprétation visuelle, au service d’un réel propos.

Formé sur les bancs des écoles Duperré et Olivier de Serres, j’oeuvre effectivement
pour un « graphisme utile » et tente donc de mettre ma passion
de l’image et mes connaissances visuelles au service de domaines citoyens,
sociaux et solidaires. Ce travail pour les Chroniques de Youv est un premier
projet automené, représentatif de ce « graphisme militant » qui m’anime ;
j’espère donc renouveler ce genre d’aventures. Une visite sur mon site
internet –www.timotheegouraud.fr– permettra sans doute une meilleure
illustration de mon propos.

Pour conclure par rapport au travail de Youv, voici l’introduction de la partie
15, asseyant la maturité et la force de l’ouvrage. « Une mise au poin sinpose
pour répondre a quélque lecteur qui on pas conpris le senss de ma
chronique et je voudré éxpliqué kel es ma démarche en écrivan ma chronique…
depui ke g axé a intérnét je voi aucune chronique ki me resemble
qui me doné envi dla lir donc g voulu créé ma chronique qui parleré a
des jeune come moi ki se reconésé pa dan les chronique a leau de rose
inventé de tou piece g rien contre ce ki aime é lise ce genr de chronique.
ma chronique et 100 % réél èt si des gen se reconéss dan més ligne normal
cé de eux que je parle lol je suis loin détre fiér de squon a fait mes
faut assumé tou skon fait jinsite pérsone a fair ske g fait au contraire sa
va refroidir lé mini « Oumar » du guéto g pri une lourd péne que jasume
més si cété a refair je le refré pa, joré misé sur des projet halal avc autan
de détérmination on auré tou cartoné c se que je vai apliqué des ma
sorti g pa changé g just muri on aspir pa au méme choze a 20 an é a 30
la premiére parti dma vie g été égohiste g pancé ka moi. mintenan il
est tem ke je me consacre a ce qui me son chair baucoup de gen mon
reconu a travére ma chronique cest ski la ren plu autentic et lui done
une cértaine crédibilité sinon joré été dja démaské par tou mantes la
jolie. jai du mal a realisé que assi dan une chaise au fin fon dma célul de
prison jariv a vou fair partagè mn éxpériance mon parcour je cé ke to ou
tar lé maton me localiseron mé jasumeré et regréteré rien au contraire.
un jour mn daron ma di une frase qui paré simple a conprendre que g mi
lonten a sézir son véritable sansse « cest pas pasque le lion montre cest
den quil souri » et cé sque jmé en aplication « quan a mes détracteur
si taime pas ce que jécri me li pa et pui c tous ». cette mise au poin me
paréssai indispansable. »

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