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De l’art en prison pour libérer la tête

Ne pas oublier ceux qui n’ont pas accès à l’art. C’est une des missions essentielles des FRAC, qui multiplient les projets à destination des personnes hospitalisées ou des publics en situation de handicap. Les centres de détention sont, également, au cœur de cette politique méchamment appelée "des publics empêchés".

Depuis quatre ans, le FRAC PACA a lancé plusieurs projets dans les prisons de la région, aux Baumettes (à Marseille) et à la maison d’arrêt d’Aix-Luynes. Différents ateliers sont proposés aux détenus volontaires, selon des modalités réinventées en permanence en fonction de l’expérience.

"La principale contrainte, en détention, est d’avoir accès à des espaces de création. Ce n’est que depuis l’an dernier que l’on a réussi à avoir accès à une salle polyvalente, témoigne Annabelle Arnaud, une des médiatrices chargée du projet à Aix-Luynes. Nous choisissons les thèmes de travail avec les conseillers à l’insertion, car ils connaissent leur public."

Quel intérêt de faire entrer l’art contemporain dans des lieux si déshérités ? "La première fois que je suis entrée dans la prison, je me suis interrogée sur ma légitimité à parler d’art contemporain, se souvient la médiatrice. Mais j’ai rencontré des gens très curieux, qui ont soif de rencontres, et que l’on peut aider dans la reconstruction de leur personnalité. C’est très riche en échanges."

Aucun préjugé chez les détenus sur l’art contemporain

Contrairement à un public adolescent, les détenus semblent n’avoir aucun préjugé sur l’art contemporain : "Jamais on ne nous demande combien ça coûte, ou si c’est vraiment de l’art. Nos interlocuteurs sont très attentifs à ce qu’on leur propose, tout en étant très exigeants. Ils apportent aussi beaucoup aux artistes, dans un échange étonnant de savoir-faire."

D’un travail sur l’autobiographie, fondé sur la collection de vidéos du FRAC, à des ateliers avec des plasticiens, en passant par des rencontres avec un philosophe, toutes les modalités sont envisagées. Un atelier avec l’artiste Catherine Melin, organisé autour de la question de l’architecture utopique, a, raconte Annabelle Arnaud, fourni l’occasion d’un dialogue sur "la circulation des corps dans leur espace si contraint, que les détenus rejouent en dessinant ou en créant des volumes. Il est aussi très important de valoriser leurs réalisations à l’extérieur, par des éditions ou des expositions. Nous avons notamment exposé leurs créations dans le parloir, c’était un moment très convivial".

L’art, une thérapie pour ces personnalités souvent brisées ? "Je ne pourrais pas dire que nous les aidons vraiment à retrouver l’estime d’eux-mêmes, tempère Céline Robert, médiatrice chargée du projet aux Baumettes. Mais nous les aidons à être ensemble et à rester en contact avec le monde extérieur. L’un d’eux nous a parlé du "plaisir de rencontrer des gens qui ne sont pas marqués du sceau judiciaire""...

Ces moments sont, aussi, l’occasion de libérer la parole : "Quand nous avons fait visiter le FRAC à des détenues en permission, elles sont parties vers l’imaginaire et des choses très personnelles, se souvient Céline Robert. La prison est un temps de réflexion sur soi, mais aussi sur le monde. Ces femmes étaient heureuses de prendre conscience, lors de leur détention, de toutes ces choses auxquelles elles n’avaient pas accès auparavant. Elles ont aimé découvrir que les artistes se permettent de telles choses, et sont si libres dans leur tête."

Emmanuelle Lequeux

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