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Détentions : il faut un numerus clausus

Camus l’assurait : "Nous ne pouvons juger du degré de civilisation d’une nation qu’en visitant ses prisons." Visiter la prison des Baumettes, à Marseille, montre que la France régresse et traite ses détenus de façon inhumaine.

Jeudi 6 décembre, Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté, a dressé un bilan effarant de l’état de cet établissement pénitentiaire : les rats et cafards pullulent, les cellules aux fenêtres brisées sont d’une saleté repoussante, des détenus, faute d’eau courante, boivent celle des toilettes. La prison est surpeuplée, l’inactivité forcée, les règlements de comptes et le racket généralisés. De fait, la privation de liberté n’y a plus aucun sens, car elle produit des enragés plus violents encore à la sortie qu’à l’entrée. Personne ne peut feindre la surprise. Le premier rapport accablant sur les conditions de détention à la prison des Baumettes, établi par le Comité européen de prévention de la torture, remonte à 1991.

Que faire ? Christiane Taubira, la garde des sceaux, est évidemment sensible à cette situation calamiteuse. Mais, faute de moyens, elle ne propose que quelques rustines et une énième mission d’inspection.

Réponse dérisoire : l’état des lieux est connu.

Des travaux sont en cours dans cette vieille prison ouverte en 1936, et une première tranche devrait être livrée en 2017. Trop lointaine perspective pour un détenu qui se fait régulièrement violer par ses codétenus. Perspective aléatoire, en outre, quand on sait que plus de la moitié du budget de la justice tombe dans le puits sans fond des prisons et que 60 % d’entre elles ne peuvent plus payer leurs fournisseurs à partir du mois de septembre. Quant à la construction d’une nouvelle maison d’arrêt, elle n’est qu’"envisagée".

Fermer les Baumettes ne résoudrait rien : la maison d’arrêt des hommes est surpeuplée (à hauteur de 145 %), mais ce n’est guère mieux dans les autres prisons de la région (136 %). La ministre espérait un peu naïvement que sa circulaire de politique pénale du 19 septembre, qui entend privilégier les alternatives à la détention, allait permettre de limiter le nombre de détenus. Mais ses effets tardent à se faire sentir.

Le temps des demi-mesures est donc passé. D’une part, un véritable plan national de rénovation des prisons s’impose. La rigueur budgétaire ne saurait être opposée à l’indignité de la situation actuelle. D’autre part, même si la formule peut choquer, il faut instaurer un numerus clausus en prison. En clair, il faut cesser d’incarcérer davantage de personnes qu’il n’y a de places en détention. Les condamnés doivent bien être emprisonnés, mais un détenu à qui il ne reste que quelques semaines à purger doit être libéré plus tôt. Il ne s’agit évidemment pas de faire sortir les assassins : 80 % des détenus sont condamnés à des peines de moins d’un an.

C’est la seule solution immédiate et raisonnable pour tenter d’en finir avec ce scandale national.

>> http://www.lemonde.fr/idees/article...
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