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La prison

Association Après-demain, Après-demain 2018/1 (N ° 45, NF). 44 pages.

Après avoir publié un dossier sur les drogues, Après-demain aborde un autre sujet sensible : celui de la prison. Il est sensible parce qu’il suscite passions et polémiques. Les uns voudraient que le recours au système carcéral soit plus important, pensant ainsi réduire l’insécurité de la société. Les autres considèrent que le recours à la prison crée plus de problèmes qu’il n’en résout. Un rappel des écrits de Michel Foucault par Isabelle Fouchard, professeure de droit pénal, illustre cette école qui ne prévaut pas dans le contexte actuel. En livrant au lecteur ou à la lectrice des éléments d’information lui permettant de se forger une opinion sur le système carcéral à condition de s’extraire d’idées toutes faites et de préjugés, Après-demain reste fidèle à la mission qui lui a été assignée par sa fondatrice : permettre à tout un chacun de devenir un citoyen engagé, responsable et émancipé.

Sans être exhaustif – peut-on l’être en la matière ? – plusieurs facettes du dossier sont traitées. Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, traite d’un sujet fréquemment abordé, mais toujours pas traité de manière satisfaisante par les pouvoirs publics : celui de la surpopulation carcérale et ses effets délétères. Son prédécesseur, Jean-Marie Delarue, qui fut le premier responsable de cette institution, exprime son scepticisme à l’égard d’un dispositif qui se développe du fait de l’apparition récente d’une nouvelle catégorie de détenus, celle des détenus radicalisés : le renseignement pénitentiaire.

Le point de vue de l’administration pénitentiaire est exprimé par trois hauts responsables : Sophie Bleuet, directrice de l’École nationale de l’administration pénitentiaire qui évoque la formation de personnel pénitentiaire, Léa Poplin, directrice d’une maison d’arrêt qui décrit son expérience de gestion de la violence en prison, et Patrice Bourdaret, directeur d’un centre de détention qui exprime son point de vue sur le droit et les droits en milieu carcéral.

La question de la santé – y compris mentale – en prison est traitée par un médecin de grande expérience, le docteur Catherine Paulet, qui a toute légitimité pour le faire avec compétence et humanité.

Pour autant, la prison est un sujet de controverse qui appelle la prise en compte de divers points de vue. Quand Christine Lazerges, présidente de la Commission consultative des droits de l’homme, s’inquiète de l’évolution du droit pénal, elle contribue à maintenir une vigilance indispensable face à des tentations toujours plus grandes de protéger la société par des mesures a priori légitimes, mais risquées au regard des principes du droit qui fondent notre démocratie.

Autre moyen de prévenir l’avènement d’une société punitive dont on ne doit pas méconnaitre les dangers et la vanité : permettre à d’anciens détenus d’accéder à l’emploi, notamment public. Les animateurs d’associations qui militent en faveur de cet outil de prévention de la récidive expliquent quels sont les obstacles en la matière et formulent des propositions intéressantes.

François Colcombet, ancien magistrat qui a occupé des responsabilités dans l’administration de la justice, nous emmène dans un riche parcours de l’histoire de la punition et de la prison qui nous rappelle à bon escient quelles étaient les méthodes employées au temps jadis. Si ce récit a un grand intérêt historique, il doit aussi nous alerter sur les risques encourus avec l’adoption de mesures certes populaires sur l’instant, mais qui peuvent conduire à une régression grave de la société.

Beaucoup d’autres points de vue auraient pu alimenter ce numéro. Celui d’actuels ou anciens détenus, comme celui de victimes des actes commis par des personnes en prison, y auraient trouvé leur place. Ce sera pour un autre numéro. La question de la prison interdit-elle tout consensus ? La virulence de certains débats qui la concernent permet d’en douter. Mais Christian Vigouroux regarde au-delà des apparences et dresse une liste lucide des points d’accord ou de convergence qui ressortent de ces débats.

La question de la punition, de la prison et de la rédemption est trop complexe pour que des solutions simples, voire simplistes, puissent être efficaces. Les crises qui traversent régulièrement les prisons [1][1] Comme celle qui a secoué les prisons durant le mois... le démontrent. Au-delà des problèmes financiers, voire politiques qu’elle pose, sa dimension est d’abord humaine. Coupables, victimes, juges, législateur, sont des être humains qui composent la société. Il est facile de porter un regard condescendant, voire méprisant, sur le système pénitentiaire. Il est plus difficile, mais plus utile de travailler sur des solutions, qui réduisent effectivement et durablement le risque social. Notre pays est loin d’être exemplaire sur la question de la prison, tant sur la mission qui lui est assignée que sur les conditions matérielles qui lui sont consenties. Il a souvent été question de « honte de la République » à propos des prisons. Seule la pression sociale permettra une amélioration de la situation de ceux qui sont en prison, de ceux qui y travaillent, et évitera à ceux qui n’y ont pas leur place de s’y trouver. Nous espérons que ce numéro permettra à la citoyenne et au citoyen de s’en convaincre.

>> https://www.cairn.info/revue-apres-...
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