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Passés par la case prison

Olivier Brunhes, Philippe Claudel, Marie Darrieussecq, Virginie Despentes, Nancy Huston, Mohamed Kacimi, Pierre Lemaitre et Gérard Mordillat, éd. La Découverte, 2014

De ces rencontres sont nés huit textes, en forme de portraits, ou de tranches de vie. Des récits qui montrent la complexité des histoires, des contextes et des raisonnements singuliers qui mènent derrière les barreaux et bousculent les représentations. Ainsi, Christophe « mène une vie agréable mais [...] s’ennuie un peu, cherche des émotions plus nerveuses que celles qui lui offre un travail stable, se met à déraper, découvre combien la peur peut-être un stupéfiant sans limite, finalement tente un gros coup, sans haine ni violence comme disait l’autre, se fait prendre. Fin de l’aventure. » (Matière de l’humain par Philippe Claudel).

Des histoires où la vie bascule. Marie-Hélène, coiffeuse de profession, victime de violences conjugales depuis dix huit ans : « En sortant de la chambre, j’ai vu la carabine. En une fraction de seconde, je suis rentrée dans la chambre, j’ai pris la carabine et j’ai tiré plusieurs fois » (« Excusez-moi mais je voulais qu’il soit bien mort » par Nancy Huston). Des contextes de misère économique ou affective : « Il suffit de regarder autour de soi, la salle à manger, le carrelage cassé, le poêle, les couvertures dépareillées sur le canapé hors d’âge, tout me ramène à Zola. Un siècle plus tard... » écrit Pierre Lemaitre accueilli chez Virginie, incarcérée pour conduite en état alcoolique. Et l’école qui exclut. Yazid, désigné comme un « bon à rien » dans sa famille, puis à l’école, a trouvé dans la bande de jeunes « voyous » un moyen d’exister. « Tout commence un été, Yazid Kherfi voulait quitter son quartier qu’il ne quittait jamais, il voulait voir la mer, s’offrir des vacances comme tous ceux de son âge. Avec des copains ils ont volé une voiture et filé droit vers l’Océan. Ils se sont fait prendre à la Baule et les vacances au soleil se son achevées à l’ombre » (« A des fins de vertus » par Gérard Mordillat).

Ces textes nous confrontent à nos propres tabous et limites aussi. « Je dois écrire sur un silence et je ne sais pas si le silence peut s’écrire » : ainsi, Olivier Brunhes dit son trouble face à André, l’homme direct et droit qui se livre à lui, qui parle à travers lui, condamné pour violences sexuelles sur mineur. « Cet homme, celui dont je dresse le portrait, n’a plus sa place dans la communauté des hommes ».

Mais surtout ils dévoilent l’impact de l’incarcération sur une vie et, par ricochet, sur toute une famille. Et nous forcent à nous interroger sur le sens de cet enfermement qui désocialise plus qu’il ne réinsère et humilie plus qu’il ne répare. « La justice, telle que je l’ai connue ne laisse pas la place pour se sentir coupable ou responsable. Elle ne laisse la place qu’à la rage. Comment avoir des remords, quand la violence du système parait pire que les actes commis ? » dit Sacha dans le récit biographique de Marie Darrieussecq (« J’aurai voulu être avocat »).

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