Ma première expérience en prison a eu lieu en 1999 à la maison d’arrêt des femmes de Rouen, sur une proposition qui m’avait été faite, de réaliser une série de portraits photographiques lors d’un atelier de pratique théâtrale.

Le travail de cet atelier, mené par Alix de Morant reposait sur des récits de vie de femmes de la ville de Rouen, étrangères à la prison.
Chacune d’entre elles est venue en détention, pour échanger avec les participantes autour de son récit et toutes ont été bouleversées par ces rencontres. Découvrir une proximité insoupçonnée avec ces femmes détenues aux visages tellement semblables à ceux de leurs proches a été une véritable révélation. Aucune d’elles ne s’était jamais interrogée sur les hommes et les femmes qui vivent derrière les murs de la prison de leur ville.

Lorsque le face à face avec les personnes incarcérées peut avoir lieu, il aboutit le plus souvent à un changement du regard. De telles expériences restent exceptionnelles mais l’image, par le croisement des regards a la capacité de recréer les conditions de la rencontre.

Les photographies de Vies à vies ont été exposées à Rouen puis à la Direction de l’administration pénitentiaire à Paris.

Suite à ce travail, j’ai ensuite réalisé le projet photographique Système P. Bricolage, invention et récupération en prison autour des objets bricolés en cellule par les personnes détenues. Une exposition et un livre paru en 2002 aux Editions Alternatives en sont issus.

Dans cet esprit d’échange entre l’intérieur et l’extérieur, j’ai réalisé le film documentaire Une prison dans la ville à la maison d’arrêt de Cherbourg, diffusé sur France 3 Normandie en 2008. Puis, trois ans plus tard, Le déménagement. Un film documentaire produit par Candela Productions sur le passage de la maison d’arrêt de Rennes au nouveau centre pénitentiaire de Rennes-Vezin.

Ces travaux – films ou photographies –ont tous été accompagnés d’ateliers proposés aux personnes incarcérées, en lien avec les services d’insertion et de probations dans les établissements.

Pour chacun de ces projets que j’ai réalisés en prison, j’ai pu respecter le désir des personnes filmées ou photographiées qui souhaitaient apparaître à visage découvert.