Comment les 60 000 personnes incarcérées en France vivent-elles leur sexualité ? S’il semble aujourd’hui impensable de ne pas soigner et nourrir les prisonniers, il apparaîtra sans doute incompréhensible que la prison du XXIe siècle n’ait pas su intégrer le respect du droit à l’intimité comme un élément essentiel de la dignité humaine. La privation et le contrôle des relations sexuelles en prison représentent une peine supplémentaire pour les détenus et leurs proches qui en éprouvent toute l’injustice. Il (...)
Comment imaginer survivre en prison lorsqu’on est séropositif, vu les conditions de détention dans les maisons d’arrêt françaises : surpopulation carcérale, violation de l’intimité des prisonniers, mauvaises conditions sanitaires...? C’est le combat quotidien de Laurent Jacqua, incarcéré depuis l’âge de 18 ans, sorti en janvier 2010 de la maison centrale de Poissy.
Détenu depuis 1984, Laurent Jacqua est au départ réfractaire à toute forme d’autorité et passe de longs séjours au mitard. C est dans ces (...)
En prison, l’enseignement supérieur passe principalement par l’intermédiaire de processus d’enseignement à distance. Ce dernier, considéré comme un système particulièrement bien adapté aux contraintes carcérales, permet de compléter l’enseignement sur place, essentiellement tourné vers les détenus les plus jeunes et ceux qui ont un bas niveau scolaire, et apparaît alors comme un garant du droit à l’éducation en prison. Par une recherche effectuée auprès de personnes détenues inscrites dans des études (...)
Le placement des condamnés sous bracelet électronique représente l’objet idéal pour interroger les rapports entre espaces et dispositifs sociotechniques. L’article vise tout d’abord à dénouer la relation complexe que la surveillance électronique entretient avec la peine de prison.
Au départ de constats issus d’une observation de la pratique, il sera montré que cette mesure, qui évolue parallèlement à l’incarcération, entretient avec elle des rapports étroits et ambigus et, sous cet angle, peine à (...)
Cet article entend démontrer que dans la période postérieure à la crise de l’ordre carcéral des « années 1968 », la conception de la prison en tant que ville s’est substituée à l’ambition – déclinante dans l’idéal et ineffective dans le réel – d’insérer la prison dans la ville. Pour ce faire, il adopte successivement un point de vue généalogique et sociologique. Il s’appuie d’abord sur trois rapports produits par des commissions spéciales dans le dernier quart du XXe siècle (1974, 1985, 1996), au travers (...)
À partir d’une observation participante et d’entretiens réalisés avec des personnes incarcérées et des proches de détenus, nous proposons une lecture des parloirs sous l’angle de la confrontation du dehors et du dedans. Les parloirs sont envisagés successivement sous l’angle de l’espace qu’ils constituent au sein de l’institution carcérale, des temporalités qu’ils produisent et des acteurs qu’ils convoquent. Les sociabilités et les solidarités intra/extra muros que dévoilent les parloirs, comme les règles et (...)
À la croisée d’une sociologie de la surveillance, d’une sociologie des professions et d’une sociologie des résistances infrapolitiques en milieu autoritaire, cette contribution propose une ethnographie de la surveillance humaine et technologique en établissement pénitentiaire pour mineurs, saisi comme un territoire singulier mais emblématique du contrôle social.
L’enquête empirique, originale, a ainsi permis de décrypter non pas le fonctionnement d’un panoptique omniscient mais celui d’un espace (...)
Surpopulation, taux de suicide en hausse, trafics de drogue, illettrisme, misère humaine... Les prisons françaises, où les détenus sont parfois confinés à trois ou quatre dans une cellule de 9m2, sont dans une situation qui ne cesse de se dégrader. A tel point qu’elles ne jouent plus leur rôle - celui de réinsérer - mais encouragent au contraire à la récidive une population aujourd’hui majoritairement composée de délinquants sexuels, de toxicomanes et de malades mentaux.
Au fil d’une enquête nourrie de (...)
La loi du 18 janvier 1994 relative à la santé publique et à la protection sociale a entériné le transfert des compétences liées à la prise en charge sanitaire des détenus depuis le service public pénitentiaire vers le service public hospitalier. Cet article décrit l’organisation des soins en milieu carcéral : son cadre légal et ses dispositifs. Puis dans un second temps la question de la régulation des conduites addictives en prison : des dispositifs aux (...)
Les alternatives à la prison ont fait l’objet de réformes législatives très nombreuses dans les quinze dernières années. Elles répondent à une nécessité d’efficacité de la sanction, mais aussi d’humanisation de la justice pénale. Elles correspondent également à une crise profonde de la prison. Ces alternatives peinent à s’inscrire dans la réalité judiciaire et sociale compte tenu de l’incohérence globale de la politique pénale. Elles ne pourront vraiment jouer leur rôle qu’une fois cette politique réformée en (...)