
Objectif
La honte, bien qu’omniprésente en prison, est souvent cachée ou masquée, enfouie derrière les barreaux. Elle reste peu étudiée par la recherche en psychologie. Nos travaux se sont intéressés à ce sentiment dans le cadre carcéral pour tenter d’en éclairer les visages et les cheminements.
Méthode
Notre recherche qualitative clinique a été menée dans une maison d’arrêt de la région parisienne, appuyée sur des entretiens de suivi psychothérapeutiques et des groupes de parole sur la parentalité avec des sujets incarcérés.
Résultats
La honte semble se manifester dès les premiers temps de l’incarcération à travers le corps et les non-dits. Puis elle se dessine plus nettement dans l’histoire des détenus, l’entrée dans la délinquance, ou encore le vécu de l’incarcération. Trois portraits nous permettent d’illustrer différents visages et cheminements de la honte.
Discussion
Nous faisons l’hypothèse du caractère central, répétitif et cumulatif de la honte chez les détenus, comme cinq poupées russes emboîtées : la honte germerait dans l’environnement socioculturel et familial ; elle prendrait racine dans la violence et les traumatismes ; elle se révélerait dans la psychodynamique délinquante ; elle serait amplifiée par l’incarcération ; et enfin elle serait transmise en héritage à la génération suivante.
Conclusion
Cette recherche confirme l’importance structurelle de la honte chez les détenus, déterminant majeur dans leur parcours et semble requérir une approche psychothérapeutique spécifique.